C’est encore assez peu médiatisé mais la grève des médecins gronde… Basé sur le modèle des entrepreneur et leur mouvement des pigeons, je vous propose de retrouver une explication de leurs doléance diffusée sur un célèbre réseau social et écrites par un médecin:
Les raisons de notre mouvement
Notre système de santé n’a jamais été aussi injuste, pour les patients comme pour les médecins.
Une réforme en profondeur est donc nécessaire.
Mais ce qui a mis le feu aux poudres, c’est la violence inouïe de cette campagne de diffamation à notre égard.
Quand on entend un ministre de la République dire que les médecins sont des « délinquants à qui il faut donner le bâton ».
Quand on entend des journalistes de tout poil nous traiter d’escrocs, de voleurs en avançant des chiffres mensongers (salaires avant impôts et taxes diverses auquels il faudrait retirer 70%)
Alors même que nous passons nos jours et nos nuits à soigner leurs femmes, leurs enfants, leurs grands parents… Toute la population française sans aucune distinction, et avec la même qualité de soins.
Les dépassements abusifs ne concernent que 0,1% des médecins.
Et nous sommes tous traités de la même manière dans l’opinion publique.
Le scandale de consultation
Depuis les années 80 et le blocage des tarifs, la revalorisation a été minime.
L’inflation en revanche a été de 72%.
Une consultation de généraliste à 23€ et de spécialiste à 28€ n’est pas viable.
C’est bien moins cher que des mèches chez le coiffeur.
La moyenne d’une consultation en Europe est de 50€.
Une consultation vaut 21€ en Tunisie et 400 dirhams au Maroc, soit 38€.
Les conséquences
L’abattage
Si il faut en moyenne 2 consultations/h pour payer les charges (loyer, secrétaire, électricité, charges diverses), ce système oblige les médecins à faire des consultations de plus en plus courtes.
Avec l’évolution actuelle, nous n’aurons plus le temps de soigner correctement.
L’exercice devient aussi moins intéressant.
Avant beaucoup de médecins généralistes suturaient dans leur cabinet et évitaient ainsi l’engorgement des urgences.
Aujourd’hui ils ne le font plus, c’est trop chronophage et pas assez valorisé.
Et ça n’est qu’un exemple parmi tant d’autres
Des actes sous cotés
2 exemples :
Reprise d’hémostase post amygdalectomie, la vie d’un enfant pour 56€
Drainage d’un abcès par voie transcutanée, une vie sauvée pour 5€70
Le gouvernement prétend améliorer l’accès aux soins en diminuant les tarifs.
C’est parfaitement faux.
Aujourd’hui 70% des actes de chirurgie se font en libéral.
Le retour aux tarifs sécu ne permettra pas de maintenir cette activité.
Et les hôpitaux seront encore plus saturés qu’aujourd’hui.
Quel futur pour notre médecine ?
Il suffit de lire le rapport pour la maitrise de l’ONDAM 2013-2017.
Ce chef-d’œuvre de la littérature énarquienne préconise un transfert maximal de l’Etat vers les mutuelles, pour « plus de flexibilité ».
Libre ensuite à ces mutuelles de réguler les couts en diminuant les remboursements et en salariant les médecins.
C’est une privatisation de notre système de santé.
Nous avons vu les ravages de ce système aux Etats Unis par exemple.
Quelles sont les solutions ?
Elles sont nombreuses.
Pour ne prendre qu’un exemple, parlons du système allemand.
20% d’habitants en plus, 700 millions de dépenses en moins que nous.
Et un système bénéficiaire de 1,4 Milliards d’euros l’année dernière.
Mais cela passe par des réformes de fond, notamment pour l’hôpital et les prescriptions de médicament.
Des sources d’économie facilement réalisables en France:
– Les transports médicaux non justifiés (total des transports 4 milliards d’euros en 2011)
– Le prix des médicaments négocié par l’Etat
La solution passera de toute façon par une responsabilisation des patients.
Il faut sortir du mirage du « tout gratuit ».
Responsabiliser ne veut pas dire moins rembourser, les allemands sont aussi bien remboursés que nous, ils dépensent simplement moins.
Conclusion
Aujourd’hui à Bac +10, j’ai la chance de pouvoir exercer un métier que j’aime.
Il aura fallu sacrifier une partie de ma jeunesse pour en arriver là.
Mais je ne regrette pas et j’aime mes patients.
Nous ne laisserons pas des incompétents détruire cette relation si particulière qui nous unis, au delà de la souffrance et de la mort.
Redonnons ses lettres de noblesse à notre vocation.
Une réforme en profondeur est plus que jamais nécessaire, mais nous ne voulons d’une solution énarquienne déconnectée des réalités.
Nous voulons une concertation avec le gouvernement, mais surtout avec nos patients.
Je suis fier d’appartenir à une profession capable de se battre dans l’intérêt de tous.